Débuter (sans se faire buter)
Lorsqu’on commence quelque chose : nouvelle activité/loisir, nouveau job il y a une pression inconsciente pour rapidement intégrer les nouveaux concepts et gestes. Quitte à aller trop vite et à mimer une posture de « sachant »/d’expert, complètement creuse, qui s’effondre à la moindre difficulté.
Pendant que l’élève s’applique et montre qu’il est de bonne volonté, il est tourné vers l’extérieur et n’évolue pas car vérifie qu’il fait bien ce qu’on lui a demandé et que le parent/formateur/professeur/patron (choisissez le mot qui vous convient) est satisfait.
Voilà pourquoi, finalement on fait peu de choses réellement nouvelles pour nous : c’est très confrontant et ça demande de remettre en question tout un système sur lequel on s’appuie depuis des années.
Oser s’impliquer c’est ressentir tout l’inconfort émotionnel de la posture d’ignorant : la honte, la colère ou la tristesse de ne pas réussir du 1er coup, du 2e voire du 3e coup. C’est oser regarder en face qu’on n’a pas le même rythme que le voisin et sentir que ce décalage nous déplaît (surtout si on est plus lent(e)).
C’est oser déplaire à celui qui enseigne qui peut se retrouver confronté à ce même inconfort en voyant qu’il n’arrive pas à transmettre (et qui, en général refourgue ses poubelles émotionnelles à ses enfants/élèves/employés parce qu’ils lui font voir son incompétence ou sa faille).
Mais accepter son ignorance, c’est aussi ressentir la surprise du déclic intellectuel ou gestuel, la joie, la fierté, le soulagement d’y être arrivé.
C’est s’ouvrir à un apprentissage personnel et épanouissant.
Le vécu et l’expérience ne s’engramment et deviennent une richesse que lorsqu’il y a eu implication émotionnelle, si l’on s’est contenté d’être appliqué, la vie nous remettra dans la même situation pour faire voler en éclat l’image du bon élève qui ne fonctionne plus.
On est tous potentiellement dans le cas de celui qui transmet et de celui qui apprend et nous alimentons tous ce système lorsque nous cachons nos échecs et nos difficultés derrière une image trop lisse.
12/05/2022